Ludwig van BEETHOVEN (1770-1827), Sonate  en fa majeur op 24, "le Printemps"

 

(Stéphanie-Marie Degand, Daniel Isoir, dimanche 30 juillet, église Sainte-Marthe, Puy-Saint-Vincent)

  1. Allegro (en fa majeur)
  2. Adagio molto espressivo (en si bémol majeur) 
  3. Scherzo. Allegro molto (en fa majeur) 
  4.  Rondo. Allegro ma non troppo (en fa majeur)

 

Achevée comme la précédente en 1801 — elle parut d’ailleurs initialement sous le numéro d’opus 23 n° 2, la sonate opus 24 en fa majeur (première des dix à comporter quatre mouvements) est à juste titre une des plus populaires.

 

Son titre « Le Printemps », qui lui fut accolé bien plus tard, après la mort de Beethoven, y est sûrement pour quelque chose, mais ce surnom, accrédité tant par les éditeurs que par les critiques, offre, à défaut d’authenticité, l’avantage d’une assez juste valorisation de l’œuvre, remplie en effet d’allégresse printanière et de joie de vivre. Cependant, on ne peut l’écouter sans émotion : cet instant d’euphorie, chez un homme âgé de trente ans, ne laisse pas de présager des orages et les combats contre le Destin de la Symphonie « Héroïque ».

 

Du premier mouvement (allegro), amplement développé, semble avant tout se dégager une grande «douceur de vivre », très communicative, même si n’y manquent ni les sursauts d’énergie, ni les brisures porteuses d’assombrissements passagers.

 

Suit un très bel adagio molto espressivo ;  son thème unique, apparenté à un Lied, que l’on pourrait croire emprunté à quelque opéra mozartien, est chanté tour à tour par les deux instruments, pour s’éteindre finalement, telle une confidence interrompue, dans une vague étrangeté que produisent les trémolos conclusifs.

 

Vient alors (allegro molto) un bref scherzo, avec un trio plein d’humour, qui, par un jeu de subtils contretemps, fournit un exemple de plus de la prédilection du musicien pour les surprises rythmiques.

 

Enfin, sans transition, c’est le rondo final (allegro ma non troppo) ; il est bâti sur un thème de Mozart (air de Vitellia, « Non più di fiori », de l’opéra seria la Clémence de Titus), hommage certainement conscient de Beethoven à son illustre devancier. Ce finale, mouvement le plus original, sans doute, de la partition, présente la même fluidité que l’Allegro initial […]. L’ensemble […] ne se départit pas d’une aisance d’écriture et d’une humeur librement abandonnée à l’inspiration du moment. Cette exubérance spontanée, cette insouciance rare font le prix inestimable d’une telle œuvre.

 

Michel Rusquet

19 novembre 2019

© musicologie.org