Luzzasco LUZZASCHI (1545-1607), madrigaux pour chanter et jouer à une, deux et trois sopranos
(Ensemble Il Festino, mercredi 26 juillet, église
Saint-Laurent, Les Vigneaux)
“Il me semblait que les femmes qui intervenaient ordinairement dans ces concerts étaient non des créatures humaines mais des esprits vraiment angéliques”. C’est en ces termes que s’exprime en 1594 Ercole Bottrigari à propos des cantatrices virtuoses qui se produisaient à la cour de Ferrare : Laura Peperara, Livia d'Arco et Anna Guarini, s'accompagnant elles-mêmes à la harpe, la viole de gambe et le théorbe.
En effet, une aura de mystère et de surnaturel entourait ces trois femmes dont la musique, composée spécialement pour elles par Luzzasco Luzzaschi, était interdite d’édition et de publication. Après chaque représentation, auxquelles seuls quelques privilégiés étaient invités, les partitions étaient rangées à clé dans une armoire. Outre les qualités de diction, de mémoire, de suavité dans le chant et d’élégance dans le maintien, les trois dames fascinaient leurs contemporains par leur virtuosité.
Ainsi, pour interpréter ces madrigaux les chanteuses doivent maîtriser l’art du cantar di gorgia, sommet de la technique vocale de l’époque, où chaque note est articulée très suavement, de façon à produire un legato qui, disait-on, rappelait le murmure des eaux et le bruissement du vent dans les feuilles. Ce n’est qu’à la mort sans héritier du Duc Alfonso en 1597 et la dévolution de Ferrare aux états pontificaux que l’interdiction prendra fin et que l’édition à Rome en 1601 des madrigaux de Luzzaschi pourra enfin voir le jour.
La virtuosité et le parfait rapport entre le texte et la musique de ces oeuvres exerceront une influence évidente chez les maîtres italiens des générations postérieures à Luzzaschi. Afin d’illustrer cette évolution dans la musique vocale du seicento nous incluons quelques madrigaux à deux voix de Claudio Monteverdi et un extrait à trois voix de l’opéra Gli amori d’Apollo e di Dafne de Francesco Cavalli. Des pièces instrumentales de G.G. Kapsperger complètent ce parcours italien du début du seicento.