Claude DEBUSSY (1862-1918) : Sonate violon piano
Allegro vivo -
Intermède. Fantasque et léger -
Finale. Très animé
Cette Sonate est la troisième d’une série de six Sonates pour divers instruments que Debussy avait projeté d’écrire en 1915 et dont trois seulement virent le jour : La première pour violoncelle et piano, la deuxième pour flûte alto et harpe, la troisième pour violon et piano et dont la partie partition porte d’ailleurs cette dédicace : « Les six Sonates pour divers instruments sont offertes en hommage à Emma-Claude Debussy (p.m.). Son mari, Claude Debussy ».
C’est en effet la terrible maladie dont souffrait le compositeur qu’il empêche de mener à bien ce projet de 6 sonates et qui rendit pénible et incertaine la composition de la 3e. Celle-ci ne fut commencée, en effet, qu’en octobre 1916 ; Debussy en écrivit assez facilement les deux premiers mouvements mais dut recommencer complètement le troisième, de sorte que ce ne fut qu’en mars 1917 qu’elle fut terminée, mettant ainsi pratiquement un point final à toute son œuvre. La première audition eut lieu le 5 mai 1917, salle Gaveau, avec au violon Gaston Poulet, au piano Debussy lui-même dont ce fut d’ailleurs la dernière apparition en public.
Cette sonate tranche résolument avec le style habituel de son auteur : on n’y retrouve plus ce flou permanent dans lequel baignaient ses œuvres antérieures mais au contraire une clarté et une concision de forme qui la font renouer avec la grande tradition française, celle d’avant le romantisme. En outre l’écriture du violon en est très particulière et les effets sonores obtenus montrent les recherches de Debussy ultime manière dans le domaine des timbres et du son en soi. Enfin, l’ensemble n’est pas sans évoquer certaine musique espagnole.
Le premier mouvement Allegro vivo à trois temps, tout embué de nostalgie, passe constamment de l’effusion chaleureuse à la nervosité fragile, de l’exaltation à la douleur et au désenchantement. Il présente deux thèmes principaux, le premier noble, le second plus langoureux, tous deux se combinant simultanément ensuite, l’un au piano, l’autre au violon. L’ensemble se divise en plusieurs parties, certaines avec prédominance de grands arpèges du violon, d’autres plus expressives, voire passionnées, dans lesquelles le piano conserve imperturbablement sa rythmique ternaire, mais où le violon chante en rythme binaire.
Le Deuxième Mouvement, intitulé Intermède fantasque et léger, est caractérisé par de profondes discontinuités tant expressives que rythmiques. L’alternance d’un thème malicieux en doubles-croches staccato avec un thème mélodique de caractère espagnol, la répétition obstinée de même notes souvent piquées, soit au piano, soit au violon, les nombreux pizzicati et doubles-cordes alternant avec des coups d’archet expressifs, les changements fréquents de tempo, lui donnent une couleur bien particulière. Son enjouement général mêle l’ironie à la tendresse.
Le Troisième Mouvement, Final très animé, débute par le rappel de plusieurs thèmes des autres mouvements et se développe ensuite à la manière d’un mouvement perpétuel sur un thème principal. Les changements de temps sont fréquents (notamment un intermède très lent). L’ensemble, après plusieurs accès de révolte, se termine par une Coda tourbillonnante, aboutissant à un long trille du violon et aux deux accords finaux.
Société de Musique de Chambre de Marseille
La sonate de Debussy par Charlotte Juillard et Hugues Chabert :