Maurice RAVEL (1875-1937) : Sonate violon piano n°2
Allegretto -
Blues : moderato -
Perpetuum mobile : allegro
La sonate pour piano et violon, contemporaine des Chansons Madécasses (1925) a été écrite entre 23 et 27. Elle fut jouée en première audition à
la salle Érard le 30 mai 1927 par Georges Enesco et le compositeur. Les Esquisses autobiographiques rapprochent les Chansons de la
Sonate : « l’indépendance des parties s’y affirme, que l’on trouvera plus marquée dans la Sonate. Je me suis imposé cette indépendance en écrivant une sonate pour piano et
violon, Instruments essentiellement incompatibles, et qui, loin d’équilibrer leurs contrastes accusent ici même cette incompatibilité ".
Ce souci apparaît dès le premier mouvement, allegretto, dans lequel les deux instruments semblent s’opposer, voire s’affronter. C’est comme à plaisir que Ravel accentue cette opposition en en tirant des effets sonores assez curieux, pour le violon en particulier, qui est traité comme un instrument à vent, dans cette pièce limpide.
Ce principe d’opposition anime aussi le second mouvement, Blues, dans lequel Ravel donne au piano des sonorités métalliques évoquant le banjo, et traite le violon comme un saxophone. Parfaite intégration au langage classique des apports stylistiques du jazz, cette pièce recèle des trésors d’inventions rythmiques et mélodiques.
Le Final, Perpetuum mobile, est un tourbillon vertigineux, dont Ravel disait qu’il pouvait être pris aussi vite que possible tant que la clarté n’en était pas sacrifiée pour autant.
Le parcours de cette sonate est d’une rigueur toute classique et illustre une esthétique de la simplicité et du dépouillement, que Ravel professait dans les années 20. Mais ne nous fions pas trop aux apparences : il est infiniment subtil.
Société de Musique de chambre de Marseille
La Sonate n°2 pour violon et piano de Ravel, par Elsa Grether et Marie Vermeulin