Ludwig van Beethoven, Sonate pour violon et piano n°7 en ut mineur op.30 n°2

François Dumont, piano

Emmanuel Coppey, violon

 

Lundi 12 août à 18h00

Église Saint-Étienne, Vallouise-Pelvoux

 

Allegro con bio

Adagio cantabile

Scherzo

Finale

 

Composées en 1802, les trois sonates de l’opus 30 dédiées au tsar Alexandre 1er de Russie divergent d’inspiration et de style. Elles furent probablement achevées avant l’été dramatique qui vit Beethoven lutter contre la tentation du suicide. D’un lyrisme radieux, la sixième sonate en la majeur trouve un climat presque mozartien. Erratique, dramatique, héroïque dans ses volets extrêmes, la septième en ut mineur, la seule du groupe en quatre mouvements, est comme marquée par la présence du silence et même du vide. Au-delà de ses motifs, abrupts, elle dégage une forte impression d’unité thématique et d’économie de moyens. Plus modeste d’apparence que les deux précédentes, la huitième sonate en sol majeur est à la fois légère, impétueuse mais aussi souverainement interrogative.

 

Parmi ces trois sonates, c’est néanmoins l’opus 30 n° 2 en ut mineur qui s’impose avec le plus de force. Des trois, celle-ci s’avère sans doute la plus neuve, celle qui manifeste un nouvel accomplissement personnel. Sur le plan musical, elle correspond, du reste, aux sentiments décrits par Beethoven dans sa lettre de novembre 1801 à son ami Wegeler : « Ô le monde, je voudrais l’étreindre, si j’étais délivré ! […] Pas de repos ! Je veux saisir le Destin à la gueule ; il ne réussira sûrement pas à me courber tout à fait ». D’où le conflit héroïque entre une infirmité de vieillesse, la surdité, et l’enthousiasme de la jeunesse qui s’y affronte : voilà ce que reflète particulièrement cette sonate en ut mineur. 

 

On pense ici en premier aux impressionnants assauts d’énergie de l’allegro con brio, tout comme aux coups de boutoir du scherzo, avec ses motifs incisifs et violemment rythmés, et, au moins autant au climat formidablement héroïque de l’allegro final, dont la puissance semble intensifiée par une incroyable économie de moyens. Mais, même dans le sublime adagio cantabile qui vient en deuxième position en déroulant sa longue plainte pathétique, on n’échappe pas non plus à de soudaines poussées de révolte. Tout cela concourt à faire de cette sonate une des œuvres majeures de Beethoven dans le genre.

 

Michel Rusquet

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