Ludwig van BEETHOVEN , Sonate  pour violoncelle et piano n°3 en la majeur op 69

 

(Marc COPPEY, François DUMONT,  lundi 12 août, église Saint-Étienne, Vallouise-Pelvoux)

 

Allegro ma non tanto — Scherzo,

Allegro molto Adagio cantabile,

Allegro vivace

 

Cette troisième sonate en la majeur est probablement la plus célèbre et la plus jouée des neuf compositions (sonates et variations) pour violoncelle et piano de Beethoven. C'est la plus parfaite, tant par la hauteur de l'inspiration que par l'habileté avec laquelle est conduit le dialogue entre les deux instruments concertants. Parue en 1809, elle avait été composée au cours de l'année précédente, mais ébauchée dès 1806. Elle fut dédiée « à mon ami le baron Gleichenstein », et sous la dédicace du premier exemplaire, étaient écrits ces mots : « Inter lacrimas et luctum » - entre les larmes et le deuil - peut-être en mémoire de la mort récente de Joseph Haydn.

 

La construction de cette sonate est particulière, qui présente bien trois mouvements, mais pas de mouvement lent central, sinon cette courte introduction adagio du troisième. C'est aussi la seule des compositions pour violoncelle et piano à comprendre un scherzo, de construction également inhabituelle.

 

Le premier mouvement Allegro ma non tanto débute par une magnifique cantilène chantée au violoncelle, sur un thème très noble. Le piano enchaîne aussitôt avec une pénétrante poésie, sur une longue tenue de l'archet. Puis c'est au piano de reprendre le thème et à l'archet de le compléter. Un second passage, dans son farouche emportement ascendant, rappelle l'envolée de la Sonate à Kreutzer ; il est assuré par le piano et fait en quelque sorte office de phrase transitionnelle. Effectivement, après une longue gamme ascendante du violoncelle, apparaît le second thème d'un tout autre caractère, par son très tendre lyrisme. Le développement se fait par d'amples phrases, où chaque instrument à son tour assure la mélodie en l'enrichissant de diverses modulations ou ornements, jusqu'au début d'une longue coda. Celle-ci utilise d'abord le premier thème, en un impressionnant crescendo, qui s'éteint progressivement sur plusieurs tailles, avant les ultimes accords.

 

Le deuxième mouvement, Scherzo, Allegro molto, est d'une construction plus élaborée que les autres scherzos de Beethoven. Il comprend en effet deux fois le même trio intercalé entre trois mouvements de scherzo, de sorte que la construction en est S - T - S - T - S. Le thème S est l'une des pages les plus curieusement rythmées de Beethoven, avec son allure cahotante, syncopée, que personne ne peut oublier. Le T est basé sur un chant calme et rêveur du violoncelle, énoncé une première fois sur des notes simples, repris immédiatement sur la même mélodie, avec cette fois redoublement des notes.

 

Le dernier mouvement débute par un magnifique Adagio cantabile en mi majeur, où, dans une merveilleusement calme mélodie, Beethoven se plaît à rêver à un impossible bonheur. La profondeur du message est déjà celle du très grand Beethoven, dans sa pleine maturité, contemporaine alors des cinquième et sixième symphonies. On aurait aimé que cette page trop courte, - dix-huit mesures seulement -, ait été développée en un grand mouvement central, après le génial scherzo. Le final Allegro vivace enchaîne juste après la dernière de ces dix-huit mesures. Le thème facile et coulant de ce dernier morceau sert de prétexte à des développements de haute virtuosité où toutes les ressources de l'instrument à cordes sont mises en valeur avec une rare maîtrise, sur les guirlandes sonores du clavier et son brillant chromatisme.

 

Le génie à l'état pur !

 

Société de Musique de Chambre de Marseille

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